De Sainte Valiere à Compostelle, avec Bernard

D Estella à Los Arcos il y a 22 petits kilomètres et du temps pour démarrer doucement sous la pluie qui ne dure pas. Un croissant et un café de plus a la dernière panaderia c est sympa pour affronter le petit bout de chemin qui nous amène au fameux monastère d Irache. A une époque on pouvait boire gratis du vin à la fontaine. Là rien ! Peut-être que quelqu'un a déjà bu les premiers 100 litres offerts ? Le chemin passe dans des chênes, à travers vignes, oliviers et champs. Le ciel est bas avec du crachin puis le vent se met à souffler en rafales. Il faut sortir le parka et le couvre sac. Ambiance hivernale mais enfin de saison. A Los Arcos on prépare Halloween... La rue ressemble à une rue de westerns mais seuls quelques chiens l animent. 

 Aujourd'hui ce sera l étape sur laquelle j aurai fait autant de kilomètres que ce qu il reste à faire. Du chemin de terre on passe de plus en plus à un chemin intérieur. Jusqu'ici, à peu près, tous les efforts physiques étaient comme récompensés par les paysages, les couleurs, l architecture des villages. A l épreuve et à la douleur s ajoutaient mille compensations. Peu à peu le corps est aguerri, les 25 kms ressemblent à une promenade mais à la fois vient une lassitude. La pensée, les réflexions ont le loisir de reprendre le dessus. Pourquoi tout ça ? De plus le paysage ne correspond plus aux vertes Pyrénées. Une plaine moutonnante tente de nous distraire mais pourtant le chemin est devant. Les grosses flèches jaunes ne vont que dans un sens. Reste donc à cette heure l épreuve morale:le chemin intérieur. Qu est ce qui me guide ? Quels enseignements me donnent ces pas recommencés 50 000 fois par jour ? Les 12 kilos du sac à hisser en haut des côtes ? La force physique est là,

Puente La Reina-Estela 24 kms 6h30 Balade presque ! Le chemin serpente et moutonne à travers vignes, champs et oliviers. Il croise une autoroute mais la campagne est là colorée même sous un ciel de Toussaint. Les églises ont deq clochers baroques. L architecture des maisons est toujours basque:grosse maison carrée, toit à quatre pentes et porte imposante avec ses clous et heurtoirs, surmontée souvent d un blason. Nous passons sur les restes d un pont romain et suivons donc une ancienne voie pavée. Elle empruntera plusieurs ponts romans. Enfin Estela. 

Monreal Puente la Reina 32 kms 10h Difficile de couper l étape différemment. De plus rien de sensationel, l itinéraire revient en plaine. Cultures, en ce moment les cultivateurs sèment apparemment. Passage par Tiebas, sa cimenterie, ses carrières, ses maisons en béton. Seul un berger et ses chèvres rattrape le tableau. Ensuite il faut couper l autoroute et le chemin de fer, quel bruit! De nouveau on reprend à travers champs ou apparaissent des oliviers, des vignes.  Puis par un tunnel de verdure ce sera Eunate, joyau de l art roman. Quelques kms encore,village d Obanos, a la croisée des chemins. A PUENTE LA REINA  tous les chemins se retrouvent et ne forment plus qu un, c est le Camino francés qui signifie le chemin des francs. Le nombre de pèlerins augmente et les albergues ouvertes sont plutôt pleines. 

Toujours plusieurs écoles pour choisir son sac:la meilleure étant quand tout rentre de dans. Et ce qui rentre doit être vraiment utile, eliminez les "" ça peut servir ". Mon sac fait 75 litres, c est grand mais il y a de la place pour le repas du midi.  Au total il doit peser 10 pour cent du poids du porteur. J ai parfois vu des listes impressionnantes qui à la fin devaient faire exploser le poids du sac. Le mien a deux poches latérales qui permettent d emporter deux litres d eau. C est un minimum l été. A l intérieur j ai deux changes ( slips +t shirts), l un deux à manches longues, il faudra laver son change tous les jours. Deux paires de chaussettes. Une polaire et une doudoune ainsi qu une parka coupe vent et un pantalon collant pour le soir ou qui peut se mettre sous le pantalon de jour au cas où il ferait froid.  Ensuite un bonnet, un tour de col et une paire de gants. Ensuite vient la trousse de toilette avec savon et shampoing en dur, compeed, coupe ongle, crème

Sanguesa Monreal 28 kms, 8h Sortie de Sanguesa par l usine à papier et montée progressive au milieu de champs. Le chantier éolien oblige à la refonte de la piste qu on elargit.  Je longe une grande ligne d éoliennes, soit près de 20 kms. Passage en forêt de pins, tir de chasseurs.  Redescente en zone agricole. Passage dans deux villages assez beaux avec grands porches et belles pierres. Malheureusement ils sont reliés par des chemins bétonnés qui font chauffer les pieds. Bien content d arriver à Monreal. 

Ruesta Sanguesa 7h (avec les arrêts)  22 Kms. Sortie du village c est 6 kms de montée dans les pins.Ouf!!! Ensuite descente entre des champs secs entourés de stocks énormes de belles pierres plates. Arrêt café à Undues de Lerda, dernier village aragonais. Entrée en Navarra par de larges pistes plates. Banlieue de Sanguesa très bof, laide quoi ! La vieille ville est restaurée mais a conservé quelques porches anciens avec blasons héraldiques. l albergue est dans la rue principale très passante au niveau voitures. L alcalde n a toujours pas détruit le porche d accès à l église qui doit gêner la circulation automobile surtout les camions de déménagement...  ... 

Bon ben à 8h il fait encore nuit..... Et l'étape du jour est prévue pour 27 kms. De toutes façons pas le choix Térésa l Hospitalera nous a mis la radio à fond à partir de 6h45! Ceci dit son accueil hier était des plus sympathiques. Un verre d eau fraîche et une salade de fruits en guise de bienvenue c est toujours plus sympa que de demander sa carte d identité... En plus Térésa vous indique ce qu il y a à voir dans le village, et puis vous donne les clés du Torreon (tour di roi) et vous invite pour une visite guidée de l église après un copieux repas. Térésa c est l Hospitalera qui fait tout :accueil, gestion, cuisine et bien d autres choses pour simplifier si besoin la vie du pèlerin. En plus elle fait antenne de l office du tourisme, visite guidée et pour un peu bénédiction, en tous les cas son accueil et son abrazo en vaut une !  Je quitte Arres par un petit sentier et me retourne sans cesse pour admirer ce village petit et plein d attraits sur le rocher

De Jaca à Arres il y a 24 kms en plaine à 90 pour cent. Sortie de la ville par le chemin des joggers. On sort facilement et dans la verdure pour se diriger plein ouest en longeant le fleuve Aragon.Itineraire assez monotone quoique le paysage est ouvert sur les Pyrénées et leur piémont. Le temps se couvre et les couleurs s affadissent. Enfin sur les 3 derniers Kms le chemin grimpe pour atteindre Arres que l on aperçoit lors du dernier virage du sentier. Seuls quelques vautours et un aigle m ont accompagné. ARRES possède une auberge pour pèlerins et un bar tout en haut du village là où les pèlerins vont voir le coucher de soleil. Il y a un torreon, grosse tour où venait loger Sancho Ramirez et sa suite au 12 ième siècle. Entièrement restaurée la tour abrite une exposition sur les orchidées. Nous allons manger et la visite de l'église est prévue en soirée.A part quelques residences secondaires et une poignée d habitants il n y a rien d autre qu un silence qui ressemble à de la sérénit

Un pèlerin c est aussi un hospitalier ou hospitalero, homme ou femme. Une personne qui a fait le chemin ou pas et qui a reçu ou pas une formation pour accueillir les pèlerins. Parfois ces personnes, sur une période d une semaine ou plus, tiennent un gîte, une auberge pour pèlerins. Il arrive qu elles font le ménage, petit déjeuner, repas.... etc. C est une personne qui a, ou pas, une certaine capacité à échanger, à donner ce que le chemin lui a donné.. A Lourdes il y avait M. descendue de sa lointaine contrée dans le Nord. M a confié ce qu elle n a pu emporter et coupé les ponts. Depuis deux mois elle a arrêté son chariot et posé son sac à dos. On devine qu ils étaient plein d autres choses trop douloureuses et que les kilomètres n on t pas réussi à les disperser complètement. Chez Jean Louis au gîte des pèlerins elle tient la boutique :repas, lessive, ménage en échange de son hébergement.  Personne ne lui posera la question mais le silence c est déjà une reconstruction. 

Après une bonne nuit passée à Canfranc Pueblo je pars pour une petite étape de 20 kms pour Jaca, capitale de la province. L'auberge de Canfranc est tenue par des hospitaliers de l association Villas, le prêtre qui a commencé à peindre les flèches jaunes que l on retrouve depuis le Somport jusqu'à Santiago. Cette auberge a un an d existence, elle est jolie et très bien adaptée pour les pèlerins. Petites alcôves individuelles,quasi les wagons lits ! Des placards individuels, des locaux spacieux, clairs, il manque juste un peu de déco. L accueil est réglementaire puis plutôt sympa. Petit déjeuner donc puis départ vers Jaca en suivant le fleuve Aragon. Peu à peu le sentier s aplanit. Sans étre formidable le parcours devient champêtre après un passage à travers les buis et des falaises calcaire. Enfin Jaca et son auberge de pèlerins qui fait vieillotte avec ses boxs orange et son accueil là aussi reglementaire (doivent être blasés de voir des pèlerins !!!)

Chaque étape a sa diversité et ses surprises:aucune n est identique et nous surprend. Départ de Urdos dans la nuit. La météo s annonce très mauvaise:faible pluie et vent en rafales à 90 km h, l après-midi c est moins de vent mais plus de pluie. La  pèlerine qui m accompagnait devait terminer au Somport mais vu les conditions elle arrête à Urdos. Pour moi restait le choix de monter en bus ou à pied par la route pour pouvoir abandonner si la météo est vraiment mauvaise. En définitive je ferai les 4 premiers Kms par la route où je reçois une grosse averse. Ensuite je retrouve le GR qui suivra progressivement les courbes de niveau jusqu au Col du Somport à 1640 mètres. En ayant démarré à 700 avec la pluie et le vent c est bien une étape sportive. Le vent soufflera jusqu'à 140 au col mais avant il aura bien secoué la forêt. C est assez impressionnant de penser qu une branche peut assez vite mettre fin au voyage ! Les feuilles d

Dernier village avant le Col du Somport (le plus haut des cols) Départ depuis le monastère des Premontrés de Sarrance, après les matines évidemment. Bon accueil et bon  confort, la veille nous avons eu un repas simple et complet (avec de la soupe) pour un pèlerin,25 euros avec la nuitée. Au petit matin les pèlerins s élancent dans la nuit même si les cloches sonnent 8h.La vallée D Aspe est très encaissée et il faut attendre Jusqu'à 10hs pour que le soleil eclabousse le paysage. Le chemin poursuit très progressivement sa montée à flanc, le Gave à gauche, la pente abrupte et parfois pierreuse à droite. Les buis sont laminés par la pyrale et leurs extrémités parfois agressives. D autres feuillus bordent le sentier et en font un véritable tunnel de verdure où l on se sent dans un univers magique. Le Gave est là tout proche et animera cette journée de ses eaux cascadantes. De temps à autres il faudra prendre la route car la vallée est trop étroite. A Borce il faut abandonner